Biologie et écologie de la Chouette hulotte
> Description :
 Strix aluco (forme grise). Photo : R. Sordello |
La Chouette hulotte est la plus grosse des chouettes que l'on peut rencontrer en France. Elle mesure dans les 45cm et pèse dans les 300g.
Elle possède un grand disque facial qui entoure de gros yeux brun foncés. Sa silhouette est plutôt ronde et trapue.
L’espèce présente un certain dimorphisme sexuel avec des mâles plus petits et plus légers que les femelles.
L’espèce témoigne de deux morphotypes sans rapport avec le sexe : une forme rousse et une forme grise et toute la palette des couleurs situées entre ces deux tons.
Une équipe de recherche à l’université de Lausanne étudie les gènes responsables de l’un ou l’autre morphotype. Il semblerait que le(s) gène(s) déterminant la couleur grise ou rousse détermine(nt) également d’autres caractères et notamment des fonctions physiologiques dont certaines joueraient un rôle très important dans la stratégie de survie de l’individu (résistance au froid ou à la chaleur, capacité de croissance, résistance aux parasites, utilisation d’habitats distincts, …). On parle de gènes pléiotropes pour décrire ce type de gènes responsables de plusieurs caractères. Un même couple peut être composé d’un mâle gris et d’une femelle rousse et inversement.
> Ecologie et habitat :
 La Chouette hulotte est une espèce forestière. Photo : R. Sordello |
La Chouette hulotte est une espèce forestière. Elle fréquente les milieux boisés, de feuillus ou de conifères, des grandes forêts aux boisements plus petits et même aux bocages.
La Chouette hulotte ne construit pas de nid et niche dans les cavités des arbres qu’elle se contente d’aménager sommairement en y creusant par exemple une cuvette. En cas d’absence de cavité, elle peut éventuellement se tourner vers d’anciens nids d’éperviers ou de buses.
Le milieu le plus optimal pour une Chouette hulotte correspond aux très vieilles futaies de feuillus parce que les arbres sont gros et peuvent être creux et que les proies y sont abondantes.
Le domaine vital d'une Chouette hulotte (surface d’un territoire) est estimé à environ 100 hectares mais fluctue ainsi selon l’essence dominante du boisement, allant ainsi de 50 hectares (forêt de feuillus riche en proies) à 250 hectares (boisement de résineux). Les couples de Chouette hulotte sont très sédentaires et fidèles à leur territoire.
 Les arbres creux sont très précieux pour la Chouette hulotte qui occupe leur cavité pour sa nidification. Photo : R. Sordello
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La Chouette hulotte est active la nuit. Son activité débute environ 20 minutes avant le coucher du soleil. Elle cesse en général une demi-heure avant le lever du soleil mais, si la chasse a été fructueuse, la Chouette hulotte peut regagner son perchoir beaucoup plus tôt.
La journée, la Chouette hulotte est discrète, au fond de sa cavité ou souvent remisée dans un arbre à lierre. Parfois, on peut l’apercevoir en plein jour sur une branche, collée à un tronc d’arbre, se chauffant au soleil.
> Cycle de vie :
 Oeuf de Chouette hulotte. Photo : R. Sordello |
La Chouette hulotte ne migre pas et elle est très territoriale. Les couples se forment en automne et sont très fidèles ; dans la plupart des cas ils resteront unis toute leur vie. Le mâle chante fréquemment à cette période (août à novembre) afin d’attirer une femelle ou, pour les couples déjà formés, de chasser les jeunes mâles nés au printemps précédent qui seraient tenter de venir sur son territoire.
La femelle pond de 1 à 6 œufs, vers le mois de janvier-février et les couve ensuite pendant 28 à 30 jours.
 Un jeune de hulotte, âgé d'environ 15 jours. Photo : R. Sordello |
Une fois sortis de l’œuf, les poussins restent au nid pendant à nouveau 28 jours environ.
Puis les jeunes quittent le nid, alors même qu’ils ne savent pas encore voler. Pendant 2 à 3 semaines, ils resteront donc à proximité du nid parental, au sol ou à mi-hauteur dans la végétation, avant de prendre leur premier envol. Pendant toute cette phase d’émancipation, les parents continuent de les nourrir.
> Chasse :
La Chouette hulotte chasse essentiellement à l’affut, perchée sur une branche ou un piquet, dans une zone dégagée de son territoire (clairière, coupe forestière, chemin). Si aucune proie ne se présente, elle teste un autre perchoir.
Différentes caractéristiques en font un excellent prédateur :
- sa vue est particulièrement performante. Cependant, ses capacités visuelles sont davantage dues à des facteurs optiques qu’à une sensibilité rétienne particulière : ses deux gros yeux peuvent capter une grande quantité de lumière ce qui rend possible la vision de nuit ; ses deux yeux étant inscrit dans un plan, leur champ de vision se chevauche de 50-70% ce qui confère à la Chouette hulotte une très bonne vision binoculaire ; enfin, sa tête est très rotative ce qui lui permet, sans se déplacer, de capter les moindres indices de présence d'une proie tout autour d’elle ;
- son ouïe est extrêmement fine. Son masque facial joue le rôle d'une parabole, en faisant converger les sons vers les canaux auditifs. Cela permet à la Chouette hulotte d’entendre à une distance 5 à 10 fois plus grande que les humains. La Chouette hulotte peut également entendre les basses et moyennes fréquences environ 10 fois mieux que les humains. Ses oreilles sont par ailleurs placées dysimétriquement sur sa tête, ce qui lui permet une audition directionnelle poussée et donc une localisation très précise de ses proies ;
 Le masque facial de la Chouette hulotte (ici une forme rousse) sert de parabole et fait converger les sons vers des conduits auditifs légèrement décalés. Photo : R. Sordello |
- les plumes de ses ailes, bordées de duvet, n’entraînent aucun bruit lors du vol et lui permettent de se déplacer de manière totalement silencieuse au dessus du sol ;
- ses serres sont extrêmement puissantes et les proies sont tuées sur le coup lorsque la Chouette hulotte fond sur elles en les englobant dans ses grandes ailes.
> Régime alimentaire :
La Chouette hulotte se nourrit essentiellement de petits rongeurs (environ 70 % des proies), notamment de campagnols, de mulots, de musaraignes.
Cependant, la Chouette hulotte peut également diversifier son régime alimentaire et notamment l’adapter en fonction de la disponibilité en proies, du milieu occupé ou de la rigueur des hivers.
Elle peut ainsi capturer d’autres mammifères comme des chauves-souris, des taupes ou des hérissons. Elle peut également prédater de petits passereaux (merles, moineaux, …) voire des oiseaux plus grands et elle peut aussi prélever des amphibiens ou des petits insectes.
Comme les autres rapaces, la Chouette hulotte rejette les os, poils et autres matières non consommées de ses proies sous la forme de pelotes de rejection.
Les principales proies de la Chouette hulotte : Mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus (Linnaeus, 1758)) (à gauche) et Campagnol roussâtre (Clethrionomys glareolus (Schreber, 1780)) (à droite). Toutefois, Strix aluco peut aussi moduler son régime selon la disponibilité
en ressources : petits passereaux, hérissons, amphibiens ou encore insectes.
Photo : R. Sordello